Située à une centaine de kilomètres au sud du Caire et nichée entre le désert de l’ouest et le Nil, la ville actuelle de Fayoum était connue sous le nom de Shedet à l’époque des pharaons.
Les souverains lagides, qui succédèrent à Alexandre Le Grand, ont régné sur l’Égypte pendant près de trois siècles. Les terres fertiles des alentours de Fayoum les attirèrent. Ils y firent construire des systèmes d’irrigation et cette région devint l’une des plus productives d’Égypte, où les récoltes de fruits, de légumes et des vignes étaient abondantes.
La plupart des Grecs, ou Hellènes à l’époque, étaient arrivés avec Alexandre le Grand au moment de sa conquête de l’Égypte.De nombreux locaux égyptiens étaient des paysans ou des artisans originaires d’autres régions du pays. À partir de l’an -30, la présence romaine s’était intensifiée en Égypte sous l’influence d’Octave, qui ne tarda pas à devenir l’Empereur Auguste. À la mort de Cléopâtre, dernière souveraine lagide et amante de Jules-César et Marc Antoine, Auguste fit de l’Égypte une province romaine.Entre 100 et 400 JC, la région du Fayoum devient le berceau de cette découverte mais aussi dans d’autres nécropoles : là où les Grecs avaient fondés des colonies comme Thèbes par exemple.Les familles d’origine Grecs s’acoutummerent des traditions et rites religieux de l’egypte.Ils adoptèrent le rituel de momification.
Ces portraits funéraires sont peints pour honorer les morts et laisser une “photo” sur leur tombeau et permettre le passage dans l’au delà intacte.
La momification est réservé à l’élite et démarre en -2130 av JC. Les momies de cette époque portaient des masques funéraires en cartonnage faite de lin.
Sous l’ère lagide, les portraits deviennent réalistes et représentent le défunts.
On se faisait faire son portrait avant de mourir. Il décorait la maison avant d’orner sa sépulture.
Pour être adaptés sur la momie et pour occuper la place qu’on leur réservait, les portraits ont été transformés, rognés quand ils étaient trop grands, élargies lorsqu’ils étaient trop petits pour donner au panneau la forme d’une stèle allongée.
Les techniques de peintures révèlent qu’ils jouaient sur les ombre et la lumière, peint un peu de ¾.
Les caractéristiques sont les grands yeux et l’émotion qui s’en dégage.
Des indices visuels peuvent eux permettre de découvrir l’identité du mort : ainsi, les soldats sont représentés portant une écharpe, les athlètes les épaules nues, les femmes affichant des bijoux et tenues sublimes ainsi que des coiffures élaborées, tandis que les enfants ont souvent autour du cou un collier en or portant des amulettes, symbole commun de l’enfance dans la culture romaine.
Des détails dans le symbolisme des portraits témoignent de la diversité culturelle et stylistique de l’époque : par exemple un homme qui arbore une étoile à sept branches, symbole du dieu greco-égyptien Sarapis. D’autres sujets arborent des couronnes de feuilles d’or, qui renvoient à la royauté macédonienne, grecque et romaine. Hormis leur réalisme saisissant, ces portraits funéraires ont donné aux spécialistes un aperçu de la diversité de la population qui occupait la région de Fayoum et à quel point les différentes cultures se sont influencées les unes les autres. Comme ces portraits représentent souvent leur sujet sous leur meilleur jour, les tenues, les coiffures et les accessoires reflètent la mode de l’époque. On constate ainsi qu’ils sont habillés non pas à l’égyptienne, mais à la romaine, ce qui témoigne de l’influence de la cour impériale.
Ils sont peints sur bois mais aussi sur du lin durcit.Cire d’abeille et pigments appliqués en plusieurs couches que l‘on appelle “encaustique” comme technique. Encaustique veut dire brûler en grec.
Ils ont une finition brillante contrairement à la tempera qui est une peinture avec de l’oeuf et des pigments.
L’application de feuille d’or, observée dans certains des portraits les plus onéreux, est à souligner. Cela confère éclat et richesse aux couronnes.
Des années et siècles plus tard, l’influence des portraits du Fayoum se retrouvera dans des œuvres d’art de la période byzantine, de l’Europe médiévale et dans les premiers tableaux de l’art chrétien. L’utilisation des feuilles d’or, l’individualité et les grands yeux de ces portraits seront repris dans les icônes byzantines, ainsi que dans l’art médiéval et de la Renaissance en Europe.
Près de 1 000 portraits du Fayoum sont exposés dans des musées du monde entier, de l’Égypte en passant par Londres et Los Angeles, permettant à l’Homme moderne de croiser le regard du passé.
Les détails techniques:
Ils sont réalisés sur un support en bois d’essence indigène comme le sycomore ou l acaba ou bien du cèdre ou tilleul entre 2 et 20 millimètres. Avec une hauteur de 44 cm en moyenne et 24 cm de largeur.
Le bois est travaillé dans le sens de la veinure. Il Est recouvert de gesso, un enduit blanc à base de sulfate de calcium ou plâtre lisse auquel on ajoutait un liant albuminoïde.
La toile de lin est autant utilisé pour peindre les portraits mais dans un usage strictement funéraire destiné à être posé sur la momie.
Les pigments
Les pigments égyptiens sont d’une très grande qualité d’origine minérale plus résistants que les pigments organiques.
Les couleurs:
Le blanc, le noir et donc le gris, les bruns du beige au marron, les bleus et les rouges qui par combinaison donnaient le violet, les jaunes et les verts.
Le blanc est fait de carbonate ou sulfate de calcium.
Le noir de charbon de bois réduit en poudre ou de la suie.
Le gris extrait de l’argile naturelle avec inclusion de fer ainsi que le mélange précédent.
Le rouge est prélevé de l’oxyde de fer.
Les bruns sont constitués d’ocres naturelles, ombre brûlée, ombre naturelle plus rarement oxyde de fer ou encore avec l’association de rouge et noir.
Les bleus sont extraits de l azurite ou de carbonate de cuivre qui venait du Sinai.
Les jaunes sont de l ocre jaune
l’orpiment, couleur jaune d’or et très toxique fut très utilisé composé de trisulfure d’arsenic.
Les verts sont un mélange de jaune et bleu. La malachite broyée et aussi utilisée.
Les oranges, roses et violets sont des alliages. La garance permet de créer du rose
Les médiums:
Dans les premières dynasties, eau + gomme + albumine ou colle d albumine + blanc d oeuf et cire d abeille.
La cire d abeille servait de vernis sous le nouvel empire.
La technique de l’encaustique qui apparaît vers 300 avant jc constitué de cire résines et pigments.Ce mélange pâteux est appliqué à la brosse ou spatule puis une spatule chaude le cuterium vient fondre les couleurs.
Malgré les explications de Pline il reste des zones d’ombres quant au procédé exact.Contrairement à la tempera qui utilise de l’eau comme liant avec de l’oeuf ici on utilise de la cire.
la difficulté étant d’émulsionner la cire et de la garder chaude pour l ‘appliquer.
Aujourd’hui le procédé consiste à dissoudre la cire avec de l’essence térébenthine.